( Accueil )

Raphaël n'avait pas souvent été confronté aux problèmes, il avait toujours su se débarrasser d'une façon ou d'une autre ceux qu'il n'aimait pas, il avait souvent obtenu ce qu'il souhaitait, grâce à ses parents riches et à son sens aigu de l'argumentation. Enfin, on peut dire qu'il avait toujours vécu une vie heureuse, et qu'il n'avait jamais ressenti de 'manque', de 'besoin'. Mais en apercevant de loin le nombre de valises qu'apportait l'inconnue à sa chambre, Raphaël sourit; il voyait déjà la scène. Elle, avec tous ses bagages, regardant la largeur de la chambre. Car même si les appartements étaient convenables, ils étaient minuscules. Cette 'gosse de riche' se sentirait-elle perdue ? Il en doutait. Elle avait l'air assez sûre d'elle pour contrôler chaque situation.
Elle avait l'air 'installée', allongée sur le lit, ou plutôt écroulée sur le vieux matelas. Si c'était une peste, insolente, égocentrique, capricieuse, cela ne l'étonnait pas. Mais si elle avait une personnalité cachée ... alors il était intéressé. Car derrière son air naturellement 'banal', Raphaël aimait ce qui sortait de l'ordinaire. D'ailleurs lui même n'était pas tout à fait normal, rien qu'à sa façon d'être entre le jour et la nuit. Mais ce jour là, fin d'après midi, environ 19h, il se sentait tout à fait calme, et même excité à l'idée de recevoir quelqu'un dans sa modeste demeure - qui ne lui appartenait plus à part entière.

Même si la jeune femme était épuisée, elle se releva d'un bond pour faire face à Raphaël. Toujours à l'affût, n'est-ce pas ? Son sourire scotché sur les lèvres, il fit un pas, puis un autre, avançant dangereusement vers le lit. Attention, invasion.
" Excusez moi votre Altesse d'avoir interrompu votre sieste. " ironisa-t-il en lui montrant une révérence maladroite. Hé bien, quel comique :p
" J'étais juste venu prendre des nouvelles de ... mon hôtesse d'accueil préférée. Figurez vous qu'elle m' a annoncé, il y a quelques minutes à peine, l'arrivée d'un colocataire. Je ne m'attendais pas à une si ... charmante figure. " déclara-t-il, faussement séducteur. Séduire, de jour, ce n'était pas tellement son truc :p Un sourire amusé aux lèvres, il s'assit à côté d'elle sur le lit, puis observa un instant l'état de la chambre. Il n'y avait qu'un seul lit, qui lui avait suffi jusque là, et il était prêt à en demander un deuxième pour cette - pour peu - inconnue. Seulement, ils devaient se contenter des meubles déjà présents dans la chambre, c'est-à-dire pas grand chose. L'idée de dormir avec elle ne le dérangeait pas plus que cela, mais qui sait?
" Si tu as besoin de quelque chose ... " dit-il après une pause. Plus sérieux, cette fois. Il se leva rapidement, puis jeta un coup d'oeil aux valises de la jolie fille. Heumpf. Elle aurait sûrement besoin d'aide :p

Raphaël ne s'était pas totalement trompée. Autoritaire, capricieuse ... peut être même terriblement dure à vivre. Mais bon, c'était sa colocataire, et malgré tout ses caprices, il ne 'céderait' pas. De toute façon, il ne supportait pas les petites disputes futiles et sans importance, les coups de gueule etc. Il était assez franc et honnête pour dire lorsque quelque chose lui déplaisait et n'aimait pas les réactions juvéniles et puériles du genre 'jte fais la gueule'. Heureusement, il n'avait encore rencontré comme cela à Bangkok, ce qui lui fournissait encore un élément positif à ce 'voyage'. Il y habitait, et pourtant il ne s'y sentait pas comme chez lui. Mais l'arrivée de cette inconnue - qui ne le serait certainement plus au bout de quelques minutes - l'avait un peu chamboulé et il s'attachait encore plus à la Thaïlande et à cette ville. Un sourire aux lèvres, sur le lit, il l'écoutait parler, ou plutôt lui crier dessus. Il n'écoutait pas tout ... il savait qu'elle avait tord. Lui, un 'coq à la recherche constamment de poulettes naïves' ? Non, heureusement, cela ne lui ressemblait aucunement. Il était plutôt du genre timide, sensible, gentil, doux, tendre - le jour, pas la nuit, bien sûr. Raphaël, en se levant, lui répondit simplement :
" J'espère que tu ne crois pas un mot de ce que tu dis. En tout cas, ce n'est pas mon genre :p "
Et puis il démarra sur autre chose. Ses valises ... elles étaient certainement pleines à craquer, d'affaires en tout genre; vêtements, maquillage, chaussures, accessoires. Des trucs de filles, en quelques sortes. Un seul sac avait suffi à Raphaël, qui avait acheté pour la plupart 'sur place'; d'ailleurs il faisait des économies.

" Heureusement que ton colocataire est là pour t'aider ... " déclara-t-il en apercevant du coin de l'œil quelques bagages dans la salle de bain, dans la chambre, dans le couloir. Arf. Cela faisait beaucoup, tout de même :p " Mais Raphaël est toujours là pour aider; jm'en occupe. " ajouta-t-il, un sourire aux lèvres. Déballer les affaires d'une femme, non il ne l'avait jamais fait. C'était étrange, une sensation bizarre; comme si il fouillait quelque chose qui ne lui appartenait pas, comme si il voyait dans ces vêtements un bout de sa colocataire. Un peu confus au début, il ouvrit une première valise. Sa main hésitait quelque peu; où poser cette jolie robe ? :p Un large sourire, qui provoquait ses petites fossettes à chaque joue, et le voilà en train de lui demander où tout ranger. Raph' ne prenait pas trop de place avec ses affaires ... tant mieux, j'imagine. Et elle, allait-elle se mettre à ranger, oui ou non ? :p Alors qu'il manipulait les pantalons, robes, soutiens-gorges, parfums, culottes, maillots de bain, manteaux, chaussettes, t shirts ... de la jeune inconnue, il l'observait du coin de l'œil. Sa chevelure brune formait de jolies boucles qui brillaient à la lumière.

Dans un mouvement de folie, Raphaël se risqua - avec toujours cette 'innocence' enfantine - à lui lancer un soutif sur la figure. Aïe. Avait-il sous estimé les forces phénoménales de la jolie fille ? :p

Oolalah. La vilaine tigresse arrivait à grands pas, alors que le rire de Raphaël - moqueur ou non, plutôt fou je dirais - résonnait dans tout l'appartement, dans tout l'étage, et même dans tout l'immeuble. Ajoutons à cela les cris furieux d'une jeune fille qui vient de détruire son soutien gorge préféré. Oui, tout ceci associé, cela fait du bruit. Malheureusement pour les colocataires, leurs vieux voisins ne le voient pas de cet œil et compte bien vite rétablir l'ordre, alors qu'ils essayaient de lire tranquillement. Rabats-joie et vieux jeu, oui. Alors, le caleçon de R. dans la main droite, prête à lui enfoncer dans le gosier, la terrible - et sexy - brunette le menaça. Bien sûr, R. était effrayé - comment ne pas l'être?
Contre toute attente, cependant, elle s'assit sans gêne sur le ventre de Raphaël. Non, il n'avait aucunement prévu cela, mais cela lui plaisait - l'imprévisible, je veux dire. Bien que leur position soit bizarre, il comprenait la tactique de 'Carmenita'. Le faire souffrir plus longtemps; sadique en plus. Elle en était même venu aux mains : agile et brutale, elle lui avait arraché la chemise - peu boutonnée, je vous l'avoue - du jeune homme. Il était ... comment dire ... torse nu. Quoi de plus choquant pour un couple de cinquante ans et deux curieux ? Je ne vous le fais pas dire.

La porte s'ouvrit en grand, sans que personne présent dans la pièce ne puisse rien faire. Oui, c'était trop tard. Enfin, il était temps d'improviser, car la situation était des plus embarrassantes. En espérant que tout ce brouhahas n'est pas fait venir le propriétaire - ou mieux, qu'il ne soit juste pas au courant. Alors que les quatre ou cinq personnes qui étaient entrées pensant bien faire - ou plutôt intriguées par le bruit - les fixaient avec de grands yeux ébahis, Raphaël ne put se retenir de sourire largement. Et puis, il envoya un regard rempli de malice à son agresseur. Une méchante et jolie brune aux doigts terriblement ... griffants. Il en avait des marques sur le torse. Le jeune homme brun se leva doucement, et d'un pas lent, il rejoignit ses ' nouveaux voisins'. Oui ils l'aimaient déjà. " Je vous suis très reconnaissant de m'avoir sauvé de cette ... sorcière. Qui sait ce qu'elle aurait testé sur moi ? " dit-il d'un ton plus que sérieux. Il lança un regard complice - mais cependant très discret - à Carmen et tenta de fermer la porte. Mais ils ne bougeaient pas. Cette explication ne leur suffisait pas.

Chenapan ? Pas le moins du monde. Il était juste très agile et malin, ce cher Raphaël. Il avait profité de cette malheureuse opportunité pour mettre fin à leur petite bataille - mais était-elle réellement terminée ? Cependant les spectateurs étaient vraiment choqués par la scène - qui pourtant n'avait rien d'effrayant - et restait sur le pas de la porte. Heumpf, embêtant. Si il ne venait pas d'emménager, Raphaël les aurait sûrement fait sortir de force mais ce n'était pas le cas et puis ... il s'amusait tellement avec Carmen. Quel magnifique couple, je ne le vous fait pas dire. Lui même fut surpris lorsqu'elle poussa ses grognements répugnants, enfin, cela ne suffisait pas à les faire partir. Une idée avait dû lui venir au cerveau, car déjà elle se levait pour mener à bien sa 'mission'; les faire dégager et au plus vite. Un peu d'intimité, que diable !
" Oh, seraient-ce des menaces ? " répondit-il d'une voix malicieuse et faussement énervée. Il jouait le jeu, ils jouaient tous les deux à un jeu dont les voisins ignoraient totalement l'existence. Raph' lui sourit largement, et la laissa faire. Il avait confiance en sa technique, elle avait l'air d'une pro - en quelques sortes. Mais il ne s'était pas tout à fait attendu à ce qu'elle 'l'enlace' carrément, aussi sa réaction ne fut pas immédiate. Deux secondes plus tard, tous les deux la main enroulée autour de la taille de l'autre, ils fixaient les 'non-invités'. Effectivement, personne ne les avait appelés. De plus, ils étaient indésirables. Raph' lui susurra à son tour dans le creux de l'oreille, en lui relevant une mèche de cheveux qui l'empêchait d'atteindre son oreille, quelques mots 'doux' qui eurent l'effet voulu : un peu gênés et honteux, peut être, le troupeau migra vers la droite, lentement, en ruminant. Un sourire aux lèvres, ou, au contraire, les yeux écarquillés. La porte claqua, et les deux jeunes personnes restèrent un instant devant la porte. Enfin seuls; la pièce était de nouveau vide. En espérant que les gêneurs ne remettraient pas cela à chaque cri - on est jamais sûr de rien.

R. éclata à son tour de rire, puis il sourit doucement à Carmen. Il ne savait pas son prénom, mais cela ne le dérangeait pas. Ces dernières minutes l'avaient particulièrement amusées, mais il avait encore du rangement à faire - aïe. Il retira sa main de la jolie brune, lentement, puis rejoint le lit, toujours torse nu, le ventre griffé. " On aurait juré que tu m'avais réellement agressé et que tu étais prête à me dévorer. Je comprends l'affolement de ces gens "
Il ne reboutonna pas sa chemise et se contenta de s'écrouler sur le lit, sans aucune légèreté. " Bravo, tu es bonne comédienne " lui lança-t-il, tout en cherchant son oreiller sous la couverture. Une bretelle de soutien gorge par là, un caleçon par ci. C'était le bordel ici !